Aborder le patrimoine culturel du Maroc c'est évoquer non seulement les villes impériales et leur fastueuse architecture, mais aussi l'immense richesse archéologique dont le pays est doté. Encore bien peu connu du public, le patrimoine archéologique est constitué de nombreux sites proto- et pré- historiques. Un certain nombre d'entre eux possède une valeur exceptionnelle et constitue une référence à l'échelle mondiale.
L'exploitation de carrières dans l'agglomération de Casablanca au siècle dernier, a, par exemple, mis en évidence les plus anciennes traces de l'homme au Maroc. Les sites de Sidi Abderrahmane et de Thomas nous ont fourni des milliers d'outils préhistoriques qui remontent à plus de 900 000 ans et des fossiles d'hominidés datant d'environ 500 000 ans. Les restes les plus anciens de l'homme moderne nous ont été livrés par le site de Jbel Erroud (Safi) dont l'âge remonte à 125 000 ans; les Grottes de Rabat et Témara (Dar Es Soltane 1 et 2, El Harhoura, El M'nasra, Contrebandiers et Casino) étaient occupées par l'homme entre 40 000 et 20 000 ans; il y a laissé une industrie lithique des plus originale dont le faciès culturel est connu sous le nom de l'Atérien. Les périodes les plus récentes, le néolithique et la protohistoire, sont également bien représentées par de nombreux sites: Khaf Taht El Ghar à Tétouan, El M'nasra à Rabat les cromlechs de M'zoura ainsi que de nombreux sites de plein air dans la région du sud : Tata, Es Smara, Layoune, Dakhla, etc.
Le patrimoine culturel du Maroc est représenté par toutes les périodes allant de la préhistoire (du paléolithique ancien au néolithique) à l'histoire en passant par la protohistoire. Certains sites font l'objet de recherches archéologiques actives. Ils nous permettent de discerner les différentes étapes de l'histoire du Maroc sur une période de près d'un million d'années.
L'art rupestre est une des composantes du patrimoine préhistorique marocain avec plus de 300 sites, répartis sur l'ensemble du territoire. Ces sites sont principalement de plein air et constituent donc des musées à ciel ouvert. Pendant près de 8000 ans, l'homme avait pris l'habitude de graver de majestueux "tableaux" sur des roches gréseuses pour illustrer les activités de sa vie quotidienne et ses croyances.
Les sites d'art rupestre sont aujourd'hui menacés par la dégradation et le pillage. Les principaux dégâts sont d'abord causés par les locaux qui ignorent l'importance et la valeur des sites rupestres les environnant: souvent des dalles entières sont réutilisées pour la construction des habitations; dans d'autres cas, des dalles gravées reconnues pour leur valeur marchande sont enlevées. La demande croissante pour l'acquisition de dalles gravées par les collectionneurs internationaux et amateurs de pièces rares fait qu'un trafic illicite est devenu une nouvelle tendance au Maroc.
Face à une telle situation, nous tirons la sonnette d'alarme. Par la réalisation du présent catalogue, nous nous sommes fixés une double gageure: d'abord initier et sensibiliser le grand public grâce à une présentation simple de ce qu'est le patrimoine rupestre, ensuite, nous espérons qu'une réelle prise de conscience et un effectif changement des comportements suivra. En fait, tout marocain peut se faire un véritable acteur de son environnement et devenir un citoyen protecteur de son patrimoine en particulier le patrimoine rupestre qui est si fragile et irremplaçable.