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Les Peintures Rupestres du Maroc : Un Trésor Caché aux Origines Mystérieuses

 Les sites de peintures rupestres au Maroc sont très rares. Toutefois, la dernière découverte en 2001 dans la région de Tan Tan d'un ensemble d'abris peints, permet de penser qu'une richesse encore insoupçonnée peut être cachée dans des zones mal prospectées ou difficiles d'accès.


Les Peintures Rupestres du Maroc : Un Trésor Caché aux Origines Mystérieuses
Les Peintures Rupestres du Maroc : Un Trésor Caché aux Origines Mystérieuses

A la différence des gravures qui sont généralement de plein air, les peintures rupestres ne s'observent que sur les parois de grottes ou sous abris, des lieux qui permettent leur conservation. Le corpus des sites de peintures rupestres du Maroc était jusqu'à récemment très réduit, avec seulement une dizaine de sites connus. Ils ont une répartition très dispersée : Grotte de Magara Sanar (Larache), Kehf El Baroud (Ben Slimane), abris d'Ifrane (Moyen Atlas), abris d'Amezri (Amezmiz, Haut-Atlas occidental), abris d'Ifran Taska (Zaouiat Sidi Abd Nebi, Zagora) et un petit abri à Millalih (Figuig). Les découvertes de cette dernière décennie, ont mis au jour un ensemble d'abris peints dans la région de Tan Tan (Abris de l'Aouinate) et une multitude d'abris sur les rives de la Saguia El Hamra (Bir El Farsia, Rekeiz à Tifariti et Wadi Kenta). Au total, ce sont une centaine d'abris peints qui ornent cette partie du Maroc.


Ces découvertes nous ont permis d'une part, de combler un déficit de ce type de manifestations et d'autre part de nous offrir une riche variété de thèmes représentés. Ceci n'est malheureusement pas le cas pour les peintures des grottes et abris du nord. Celles-ci sont très dégradées à cause de la desquamation de la paroi (ex. site d'Amezri), ou encore le dépôt de suie sur les parois qui masque les peintures et rend leur lecture difficile.


Les représentations peintes

Dans les grottes du nord, les peintures sont le plus souvent peu spectaculaires représentant des signes abstraits: ponctuations, serpentins etc. Les figures animales sont rares et très schématiques ne permettant que de parler de quadrupèdes ou de silhouettes animales.


Dans les abris du sud, les représentations peintes sont riches et variées et relativement bien conservées : à Ifran Taska (Zagora) par exemple, en plus des traces de mains, des ponctuations et des signes géométriques, les archéologues ont pu distinguer un cavalier, un bovidé et une inscription libyco-berbère. Dans les abris de l'Aouinate (Tan Tan), les peintures, plus de 400 figures au total, sont dans un excellent état de conservation.


 Ce sont généralement des représentations animales (antilopes, girafe, éléphant, félin -probablement une panthère-) regroupés dans une scène de chasse, des oiseaux (autruche et probablement un échassier), des équidés (parmi les rares peintures bi- chromes de ce site), une vingtaine de bovidés aux cornes en lyre ou allongées et dirigées vers l'avant, des canidés, des ovins et des caprins (chèvres monochromes en blanc). A ces représentations animales s'ajoutent des signes géométriques, 6 chars, une centaine de représentations humaines dont des archers, inconnus jusqu'alors dans cette région du Sahara.


Les peintures rupestres, procédés de réalisation

Généralement, les peintures sont monochromes de teinte rouge (brun foncé, rouge ocre). Les couleurs ocre, orange ou jaune sont obtenues par l'utilisation de colorants tirés de divers matériaux naturels : l'ocre donne la couleur rouge, jaune, l'hématite permet d'obtenir également le colorant rouge, le talc la couleur blanche, etc. Ces matériaux sont récupérés généralement localement ou dans les environs du site. Un liant organique peut être ajouté à ces matériaux, par exemple de la graisse, du sang ou du lait d'animaux ou des extraits végétaux. Ceci suggère des recettes bien élaborées pour la préparation de ces pigments.


Actuellement, les méthodes d'analyse physico-chimique telles que la microscopie optique, la diffraction des rayons X, la spectrométrie de masse, le radiocarbone, etc., permettent de diagnostiquer les peintures, leurs compositions et les procédés utilisés pour leur préparation. Lorsqu'un composé organique est détecté dans une peinture, celui-ci peut être analysé et daté.

Jusqu'à présent, aucune étude de ce type n'a été réalisée sur les peintures du Maroc, et nous espérons que les dernières découvertes de peintures rupestres seront préservées pour la réalisation de telles analyses.


L'âge des peintures

Jusqu'à présent, seul l'abri du site d'Amezri a fait l'objet d'une étude qui n'a malheureusement pas été achevée. Une fouille, réalisée en 1951 par l'Abbé Glory, a permis de recueillir un abondant matériel de broyage, des tessons de céramique, et une industrie microlithique très originale, connue depuis comme le faciès Néolithique Toulkinien. Ces trouvailles ont permis d'attribuer les peintures au néolithique.


En 1984, une datation sur du charbon de bois de ce site nous a fourni une date de 2380 +/- 60 av. J.C. Elle reste toutefois sujette à caution vu les conditions imprécises du prélèvement.


Une étude pluridisciplinaire de ces sites de peintures rupestres sera la seule à pouvoir apporter des éclaircissements sur ces manifestations artistiques et à définir leurs âges respectifs.






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