À l'exception de sa côte méditerranéenne, la Libye appartient au Sahara. Le désert occupe 90% du pays. C'est un monde de plaines et de plateaux à l'infini, interrompu par quelques massifs montagneux entourés d'océans de lune.
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| Les gravures rupestres du désert libyen |
Dans le sud du pays, la région du Faisan, ces massifs arides livrent aujourd'hui les témoignages de l'histoire du Sahara. Les témoignages artistiques des hommes de la préhistoire. Peinture dans les grottes du Djébel à Cacousse, gravure dans les ouêtes desséchées du plateau du Messak à Tafet, racontent la vie des hommes lorsque le désert était encore fleuri.
Parce que le Sahara n'a pas toujours été un désert. Immense glacier lorsqu'il était au pôle sud, puis recouvert par de véritables mers, il a commencé à prendre sa physionomie actuelle il y a 2 millions d'années. Climats arides et périodes humides se sont alors succédées.
Pendant les périodes arides, la roche a été mise à nu, débarrassée du sol fertile emporté par le vent. Soumise aux fortes variations de température entre le jour et la nuit, les grès qui couvraient la surface ont éclaté en fragments qui sont redevenus du sable. Pendant les périodes humides, les fleuves ont créé des vallées, véritables canyons, et les grès qui tapissaient les dépressions se sont gorgés d'eau, constituant des nappes aujourd'hui fossilisées.
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| Les gravures rupestres du désert libyen |
Ce sont ces nappes qui alimentent encore une quinzaine de lacs dans l'air Goubari. Certains sont asséchés lorsque l'évaporation l'emporte sur l'apport en eau souterraine. La dernière grande période humide date de 10 000 ans.
Elle dura 5 000 ans. Des pluies annuelles régulières ont alimenté de nombreux cours d'eau, développant une prairie favorable à la grande faune. Et c'est pendant cette période, dans une Libye couverte de savane, que les hommes du Néolithique ont gravé et peint les parois rocheuses du Messaxétaphète et de la Cacousse.
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| Les gravures rupestres du désert libyen |
Le Messakétaphète est un long plateau, arrondi en croissants, une grande table de grès de 40 à 60 km de large, relevée en falaise sur son flanc nord-ouest et s'abaissant à l'est en pente douce vers l'ergue Mourzouk, sous lequel il disparaît. Ce plateau est couvert d'un règle de pierres noires où les Oueds ont creusé de longues vallées encaissées. C'est sur les parois de ces vallées que les hommes de la Préhistoire ont gravé des milliers d'œuvres dont les thèmes sont d'une diversité remarquable.
A l'entrée de l'Oued Inhabitaire, un crocodile et son petit démontrent la présence de cours d'eau abondants. La gravure de la tête, soulignée par un double contour, est caractéristique du Messax. On trouve aussi des hippopotames, toujours témoins d'eau.
Plus haut, sur la falaise, ce combat de félins témoigne d'un sens du mouvement remarquable et d'une autre technique de gravure où l'intérieur des corps est poli. On trouve aussi quelques lions qui chassent des girafes. L'artiste a schématisé les corps pour insister sur les griffes et le mouvement.
Les autruches sont pratiquement le seul oiseau représenté. Les chasseurs capturaient les autruches à l'aide de pièges ou d'armes de jets. L'éléphant est souvent présent, avec des styles variés que l'on attribue à des périodes différentes.
Toutefois, les datations sont extrêmement délicates, la patine ne s'étant pas développée de façon constante au cours du temps. Cet éléphant de 1m20, gravé avec un luxe de détails comme le rictus des lèvres et le feston des oreilles, est typique de l'école du Messak, La gravure en V est claire et profonde.
Le premier tracé, obtenu par piquetage de la roche, a été ensuite lissé. Parmi les grands animaux, un rhinocéros avec une tête énorme, les oreilles tournées vers l'avant, une encolure très forte. Ce sont les girafes qui sont les plus nombreuses.
Elles sont gravées dans tous les styles, ce qui suggère que les hommes les ont représentées sur une très longue période. Leur taille peut atteindre jusqu'à 4m. Sur cette immense frise d'une vingtaine de girafes, l'effet de troupeau est obtenu par un éventail de têtes penchées avec des angles différents.
Cette petite girafe est traitée dans un style schématique avec des pattes très allongées, sans sabots, que l'on appelle le style tazina. Le trait, incisé et poli, est pratiqué sans percussion préalable. Parmi les nombreux bovidés, les experts reconnaissent aussi bien des animaux sauvages que domestiques, ce qui pose la question de la datation à la fois de la domestication et des gravures.
On peut penser qu'un monde de chasseurs a cohabité avec un monde de pasteurs. Le grand buffle antique est reconnaissable à ses énormes cornes. Le buffle africain est représenté avec des cornes épaisses, tournées vers le haut et la tête relevée.
Cornes fines, en forme de lyre, ces boeufs auraient été domestiqués il y a 8000 ans. Les représentations humaines sont rares et de taille insignifiante face à celle des animaux. Armé d'un boomerang, ce minuscule chasseur semble affronter l'éléphant sans crainte.
Ici, un petit archer près de la patte arrière de l'animal. Ces gravures de petits hommes sont peut-être postérieurs à celles des grands animaux. A moins que cette différence de taille ne soit symbolique.
En effet, des représentations d'êtres chimériques difficiles à interpréter démontrent que ces gravures n'avaient pas seulement des qualités descriptives, mais une charge de sens qui n'est pas claire pour nous. Volonté d'appropriation de la force animale ou chasse rituelle initiatique, les interprétations restent ouvertes. Le grand pouvoir évocateur de ces gravures, l'extraordinaire précision du trait, le rendu du mouvement saisissant sont sans conteste l'œuvre d'artistes accomplis et le témoignage d'une civilisation prospère.
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| Les gravures rupestres du désert libyen |
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